Créer en peinture avec... rien ;)
La Fabuloserie... |
J'adore ces petites expériences insolites où la fonction ordinaire des choses est détournées.
Ici je vais vous parler de l'art minimaliste ou comment peindre quand on n'a pas de peintures ni de pinceaux.
La découverte de l'art brut, en ce sens a ouvert une brèche sur l'extraordinaire pulsion de vie, tapie dans le désir de créer, d'exprimer son être par des couleurs et des formes. Quand on est animé de l'urgence de créer on se contente de ce que l'on a sous la main.
A la Fabuloserie de Dicy dans le département de l'Yonne, j'ai découvert un univers fascinant de créations "paysannes" réalisées par des hommes et des femmes, sans aucune connaissance de la discipline artistique, ils étaient simplement mus par le besoin d'expression, "expression" dans le sens de sortir de soi quelque chose.
Jean Dubuffet a baptisé d"art brut" cette expression qui jaillissait spontanément chez des gens comme vous et moi, dans leur milieu de vie ordinaire, sous formes d'objets et de tableaux. Cette appellation s'étend également aux oeuvres produites en psychiatrie (il y a le très célèbre musée d'art brut de Lausanne)
L'Art brut a toujours existé, il y a toujours eu des autodidactes ne se revendiquant pas du champ artistique. Et cette marge productive est et reste une source d'inspiration féconde pour les artistes. Aujourd'hui l'art "officiel" a intégré l'art brut et des artistes comme Michel Nedjar se déploient a partir de ces racines.
Ces productions insolites sont composées de matériaux du quotidien : la toile de jute, de la laine, des boutons, de la paille, du bois, de la terre, de la bouse de vache,... permettant ainsi de réaliser des formes en deux ou trois dimensions, faites dans l'urgence. Ensuite chaque oeuvre va se déployer suivant les intentions et moyens de l'auteur.
Le défi proposé ici est d'accueillir joyeusement toute volonté de créer, en s'adossant à la puissante énergie de l'art brut.
Picasso lui-même disait de manière un peu triviale - et de mémoire ;) - que s'il n'y a pas de rouge, ni de jaune, ni de bleu, il peut peindre avec de la m**** !!!
Kandinsky, avec plus d'élégance disait que l'art obéit à "une nécessité intérieure".
Quand elle surgit, de grâce ne la laissez pas passer,... c'est l'enfant intérieur encore bien vivant qui souhaite exprimer quelque chose qui peut transformer profondément l'énergie et le cours des choses.
Comment faire ?
Pour le papier, c'est simple : tout ce qui est rebut, depuis les emballages alimentaires (boites de céréales parmi les plus grands formats) jusqu'aux courriers périmés à utiliser en recto verso (le recto propose ainsi déjà un fond) les vieilles cartes routières (à voir le peintre Pierre Alechinsky) ou encore des vieux cartons à chaussures, des agendas périmés, des feuilles d'emballages...
Le support est-il prêt ?!?
Allons y pour les couleurs :
- Pour les teintes sombres : le charbon, le café bien sûr, le thé fort aussi, les vieux crayons, feutres, bics, maquillages...
- pour les rouges : le jus de betterave est très beau, les jus de baies rouges ou bleues (à tester ils sont peut être instables), les maquillages également
- pour les ocres : le curcuma, la cannelle pour des peintures parfumées mais vous trouverez également à vous régaler avec toutes les terres, les argiles naturelles présentes sur votre terrain. Une terre argileuse, c'est à dire plus minérale que végétale sera un peu collante et avec un soupçon de sucre elle tiendra très bien sur votre support (je l'ai testé pour vous ;)
- Les bleus sont à tester : je pense au choux rouge, entre le bleu et le violet, au jus de myrtille ou de cassis
- Les blancs avec de la craie... et pourquoi pas tester le dentifrice
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